Le syndrome de l'imposteur chez l'entrepreneur

     Le syndrome de l'imposteur, vous en avez déjà entendu parler?

     C'est le sentiment profond - chez celui ou celle qui souffre de ce syndrome - de ne pas mériter ce qui nous arrive, souvent dans notre vie professionnelle. Avoir l'impression de duper les autres et d'avoir accédé à la place où l'on est actuellement uniquement grâce à des facteurs extérieurs (la chance, le hasard, d'autres personnes...) et non grâce à nos propres travail et mérite.

Si vous vous reconnaissez dans ces mots, vous êtes loin d'être le/la seul.e, car pour en avoir parlé autour de moi, c'est un sentiment récurrent, en particulier chez les auto-entrepreneur.e.s. Car oui, je peux vous le dire clairement, j'ai souffert et souffre toujours de ce syndrome, mais j'essaye d'y faire quelque chose ;)

Bien entendu, je ne parle pas ici du fait de se remettre en question de temps en temps, ce qui est plutôt une attitude naturelle et saine, mais vraiment de la récurrence (ou constance) de ce doute profond, qui est lourd à porter et bien peu constructif.

Lorsque je réfléchis aux "valeurs" que nous renvoie la société depuis plusieurs années, je ne trouve guère étonnant que le syndrome de l'imposteur soit devenu un sentiment partagé par autant de personnes :

~ L'individualisme négatif ~

     Qui diffère bien de la notion de retour à soi qui elle me semble vraiment fondamentale. Ici je parle de cette tendance à être constamment en compétition les uns avec les autres. C'est la course à celui qui sera le plus productif, le plus performant, tout le temps. Celui qui aura le plus grand nombre de followers sur Instagram. Dans le monde du yoga c'est extrêmement présent aussi. On a l'impression que pour être légitime en tant que professeur de yoga, il faut savoir maîtriser le handstand, pouvoir se plier dans tous les sens comme un bretzel humain, être spirituel mais pas trop non plus pour ne pas effrayer la populace...

---> Plutôt que de nous comparer sans cesse les uns aux autres, et si on essayait de cultiver notre propre manière d'enseigner, nos propres valeurs, celles qui résonnent en nous? Tout en nous inspirant les uns les autres. Je trouve une richesse énorme dans le partage. Se nourrir de différentes discussions, points de vue. Tout en gardant son propre sens critique et en ne compromettant pas son éthique ou ses valeurs.

~ Le poids du regard des autres ~

     Difficile de ne pas y faire attention en effet. Lorsque l'on manque d'estime de soi, on a tendance a carrément être obnubilés par ce que les autres pensent de nous. On voudrait être sûr d'avoir l'approbation de la majorité, alors que l'on sait bien au fond que c'est totalement impossible. Et inutile ! Il est évident que l'on ne peut pas plaire à tout le monde, dans n'importe quel domaine qu'il soit.

On s'imagine d'ailleurs bien souvent des choses qui n'existent pas, car rappelons-nous que nous ne sommes pas dans la tête des gens et que nous sommes nos plus impitoyables juges.

     Un exemple dans ma propre situation : il m'arrive en plein cours de yoga de voir le visage d'un.e élève un peu fermé et d'instantanément me poser 10 questions à la seconde (est-ce qu'elle s'ennuie? est-ce qu'elle n'aime pas le cours? le son de ma voix?) Cela ébranle ma confiance en moi et des fois même va jusqu'à me faire bégayer ou oublier la suite de mon cours.

Idem lorsque j'enseigne à des personnes qui ont déjà un niveau avancé. J'ai souvent le réflexe de m'imaginer que ces derniers vont instantanément me juger et me trouver les pires défauts en tant que prof. Et cela peut vraiment me faire perdre mes moyens pendant un cours.

-----> Alors comment se débarrasser de ce poids inutile, qui emprisonne la créativité et le naturel? Eh bien pour ma part il s'agit d'appliquer mes propres enseignements, c'est-à-dire de cesser de me soucier du regard des autres quant à ma manière d'enseigner. Je passe du temps à préparer mes cours, à me former, à lire, à étudier. Je donne beaucoup de moi lorsque j'enseigne, et j'essaye de véhiculer des notions qui me correspondent. Je regarde mes élèves avec bienveillance. Et c'est ASSEZ. Je n'ai pas besoin d'autres choses pour savoir que oui, je suis une professeure méritante et que je n'ai pas besoin qu'on me le répète sans cesse pour que cela soit vrai.